Refondation de l’école

‘Il n’y a pas de tradition dans ce pays à se projeter de 25 à 30 ans dans l’avenir’ 

(‘We hebben in dit land geen traditie om 25 of 30 jaar vooruit te kijken’ (Frank Vandenbroucke, ancien ministre et professeur de politique sociale à la KU Leuven)

 

UNE ECOLE POUR LE XXIème SIECLE

Les technologies nouvelles, qui ont contribué à l’avènement de notre société de l’information et de la communication (TIC) et investi le secteur économique, influencent notre vie quotidienne.

De nombreuses professions du XXème siècle ont disparu ou ont connu des changements importants. Des nouveaux métiers ont vu le jour, qui font appel au raisonnement, à l’esprit de collaboration, à la pensée critique et créative et à la capacité d’apprendre à résoudre des problèmes.

Ainsi, les domaines de la mécanique automobile, de l’agronomie, du bâtiment, de l’hôtellerie, de l’industrie du chaud et du froid, du dessin industriel, des sciences humaines, du service aux personnes et du tertiaire utilisent, aujourd’hui, des matériels sophistiqués, qui nécessitent des formations pointues.

Le train numérique a ouvert la voie au ‘community manager’ pour répondre aux attentes des internautes (création et gestion des réseaux sociaux) à l’éditeur de logiciels, au ‘developer internet’, aux agences médias, au technicien en effets spéciaux (images et films), au technicien en imagerie médicale, à des métiers verts comme thermographiste, écologiste industriel, expert en biomasse, électricien en panneaux photovoltaïques, architecte pour les maisons ‘basse énergie’, monteur en panneaux solaires et thermiques,  auditeur énergétique, … aux métiers de la logistique comme opérateur d’entrepôt, ‘supplychain manager’, gestionnaire de flux physique,…).

La technologie est davantage présente dans nos usines où les tâches routinières sont confiées aux machines. Elle est aussi dans nos banques avec l’introduction, notamment, du self-banking.

Des enquêtes récentes ont démontré un accroissement de la productivité grâce à la diffusion et au partage des informations, à l’emploi d’ordinateurs, à la mise à jour des compétences des travailleurs,  aux changements dans l’organisation (nouvelles structures, système de décision décentralisée, réunions fréquentes des membres du personnel, autonomie des équipes, nouvelles pratiques commerciales, nouvelles stratégies).

Le marché de l’e-commerce explose. Les sites marchands sont, chaque année, plus nombreux et les dépenses en ligne augmentent sans cesse. Des ‘e-merchandisers’ et  des ‘business developers’ travaillent au développement des ventes en ligne et du business au sens large.

La technologie est aussi présente dans le domaine de la santé car grâce à  la mise en carte  du génome humain, la médecine de demain pourra prévenir la maladie par la connaissance des facteurs de risque.

Elle a aussi changé la vie familiale avec l’utilisation des  téléphones cellulaires (92% des enfants belges de 12 ans ont un GSM), des consoles de jeux,  des ordinateurs, des postes de télévision, d’ internet (59% des enfants entre 8 et 17 ans possèdent un ordinateur et utilisent les réseaux sociaux pour se faire de nouveaux amis).

Enfin, les internautes utilisent le web pour rechercher et postuler un emploi (CV), faire du shopping, réserver un vol par avion, rechercher des infos, télécharger des images, de la musique, des films, partager des photos, solliciter des dons, échanger des courriels, faire des transactions bancaires.

Créativité, autonomie et communication

Le développement de l’économie moderne a pour mots clés ‘créativité, autonomie et communication’. La créativité favorise l’innovation et repose sur la communication, préalable à l’action.

Une nouvelle classe créative de l’économie se développe avec l’essor des travailleurs indépendants, qui vendent leurs talents aux entreprises en quête de main d’oeuvre experte mais sans devoir les engager à long terme(*). Tentés par l’autonomie, les travailleurs ‘freelance’ (auto-entrepreneurs, consultants, …) sont des nouveaux moteurs de l’économie, qui prennent leur carrière en main et rentabilisent leurs talents. Si le phénomène est marginale en Europe, il se développe rapidement aux Etats-Unis et porte le nom de ‘Gig Economy’.

Face à cette masse d’informations, l’être humain doit être capable d’en évaluer la pertinence, la valeur et la fiabilité. Tous ces changements nécessitent des compétences nouvelles pour être un travailleur performant et un citoyen responsable dans une société chaque jour plus globale que locale. En effet, l’homme du XXIème siècle ne doit pas seulement être compétent en lecture, en mathématique et en sciences (des compétences du XXème siècle qui restent pertinentes et nécessaires pour le XXIème siècle) mais il doit aussi acquérir des compétences afin d’utiliser à bon escient et avec efficacité les technologies nouvelles, pour travailler en équipe, pour communiquer sur les réseaux sociaux, pour résoudre des problèmes.

*Vers la fin des contrats à durée indéterminée

Dans un contexte mondialisé, où les entreprises font face à une concurrence accrue, le CDI n’offre pas la flexibilité nécessaire et constitue un frein à l’embauche.

Dès les années 1980,  les entreprises ont eu recours aux CDD et à l’intérim et la tentation est grande d’éviter le CDI car la procédure de licenciement économique est très contraignante et crée des incertitudes fortes, juridiques et financières.

L’émergence d’un travail s’effectuant par équipes réduites, sur un mode ‘projet’, on voit se développer un peu partout des modèles de ‘CDD allongé’ dont la durée est fonction de la vie du projet.

Vers un nouveau système éducatif

L’école doit impérativement préparer les élèves à ces nouveaux défis.

Hélas, il faut le constater, l’école n’a pas assimilé les technologies nouvelles, loin s’en faut. Il faut donc la réinventer afin de répondre aux besoins et aux attentes des élèves d’aujourd’hui,  des apprenants numériques qui utilisent les téléphones cellulaires, les ordinateurs, les tablettes numériques, les jeux électroniques, … qu’ils emportent partout. Les élèves ont acquis, en dehors de l’école, des compétences et des techniques TIC qu’ils sont rarement amenés à utiliser pour leurs cours.

L’école doit  leur apprendre à maîtriser les outils modernes, amener les élèves à dépasser l’utilisation qu’ils en font le plus souvent pour leurs loisirs afin d’acquérir des connaissances et des compétences nouvelles. Elle doit leur apprendre à les utiliser pour l’apprentissage, la recherche, l’analyse et l’évaluation.

Repenser l’école

Basé sur l’acquisition de compétences et centré sur l’apprenant, un nouveau système éducatif doit être mis en place, ce qui suppose des changements fondamentaux dans les contenus des programmes de cours et dans la manière d’enseigner et d’apprendre.

Il doit bénéficier à tous les élèves et permettre à chacun de progresser à son rythme et au mieux de ses capacités intellectuelles et de ses talents afin d’atteindre son niveau d’excellence.

Ce nouveau système éducatif doit prendre en compte la personne dans sa globalité et ne pas se limiter au développement professionnel de l’individu. Il doit bien sûr le préparer au marché du travail et à son insertion dans l’économie de son pays mais il doit aussi veiller à son épanouissement personnel et à son bien-être. Il doit le rendre créatif et innovant, lui insuffler l’esprit d’entreprise, lui donner des outils pour apprendre à apprendre tout au long de la vie, l’armer pour la vie en société afin de favoriser l’intégration et la cohésion sociale. Il doit faire de chaque individu un citoyen mûr et responsable.

L’école doit être ouverte sur la communauté et sur le monde. Finie la classe dans laquelle l’élève est isolé du monde. Mais pour cela, elle doit se restructurer pour permettre le travail individuel, le travail en groupes et le partenariat. Elle doit aussi repenser l’espace pour faciliter l’accès aux technologies nouvelles, outils de la construction du savoir. Elle doit être un lieu de rencontre, d’échange des informations. Elle doit aussi être ouverte aux parents car l’environnement familial est un facteur de la réussite, en suscitant l’intérêt des parents à la vie de l’école et à la scolarité de leur(s) enfants(s). L’école veillera à créer des partenariats avec la communauté car la frontière entre l’école et le reste du monde est de plus en plus vague.

L’école doit être conçue de telle manière que l’élève puisse avoir accès à ses travaux en dehors du temps scolaire, grâce notamment à l’internet. L’accès aux structures existantes (laboratoires, centres multimédias, bibliothèques, …) doit être garanti pour tous et en tous temps.

L’école doit accorder plus d’attention aux talents individuels et aider l’élève à construire ses expériences de succès afin de lui éviter d’entrer dans une spirale de l’échec

L’école doit travailler en partenariat avec le monde artistique (académies de musique, académies de dessin, théâtres, …), avec le monde du sport (clubs sportifs, salles de sport, …) avec le monde de la communication (radio, télévision et presse écrite) afin de pouvoir utiliser leurs infrastructures et leurs personnels et avec le monde de l’entreprise (visites, stages en usines, …). afin de veiller à l’épanouissement de chacun en fonction de ses intérêts et talents.

Programmes scolaires

Ils doivent être interdisciplinaires, basés sur des projets éducatifs motivants et intéressants, qui répondent aux problèmes d’un monde réel et  faire appel à la recherche individuelle. Ils doivent  être conçus pour développer la curiosité et l’imagination, l’esprit critique, la résolution de situations-problèmes, l’esprit d’initiative et d’entreprise, la collaboration (l’élève apprend aussi de ses condisciples du groupe), l’emploi des technologies nouvelles (TIC, Internet,…), l’accès aux informations et aux réseaux sociaux, l’analyse et la communication (orale et écrite)

Activités extrascolaires

L’école n’a plus le monopole de la transmission du savoir. Par conséquent, l’apprentissage ne s’arrête pas  avec la fin des cours car la curiosité de l’enfant peut être éveillée en tous temps. Il faut élargir le champ des connaissances et faire appel à la collaboration de tous, parents, élèves, membres de la communauté locale afin de concevoir des programmes en réponse à des besoins ou des aspirations (clubs de photographie numérique, jardinage, bricolage, réparation de vélos, …).

Il faut évidemment repenser l’école.