Restructurer l’école

STRUCTURES DE L’ENSEIGNEMENT

La plupart des pays qui se sont engagés dans une éducation/formation centrée sur les compétences ont revu les structures de leur enseignement afin de libérer du temps et de les adapter aux exigences d’une éducation individualisée.

Ainsi, on parle en Communauté flamande (Vlaamse Gemeenschap) de créer des ‘Middenscholen’, indépendantes de tout réseau, afin de prendre en charge la formation commune (de 6 à 15 ans).

Si l’origine socio-économique de l’élève ne peut servir d’excuse à un enseignement moins performant, on ne niera pas cependant qu’elle rend la situation plus complexe.

Des études aux USA ont démontré, en effet, qu’un enfant issu d’un milieu familial dont les 2 parents sont actifs a un vocabulaire en langue maternelle de 1100 mots et un QI de 117 alors qu’un enfant issu d’un milieu familial dont les parents sont au chômage a un vocabulaire de 525 mots et un QI de 79. Il s’agit bien sûr de moyennes.

Il est nécessaire dès lors de mettre en place des aides personnalisées pour les enfants en difficulté.

C’est ce que fait la Finlande qui organise une mise à niveau dans la langue de l’enseignement pour les élèves les plus faibles et notamment ceux issus de l’immigration, avant de les admettre dans une classe ‘normale’.

Si la Finlande a un système éducatif performant avec de meilleurs résultats en langue maternelle, calcul, sciences et résolution de problèmes (PISA) que la plupart des enfants des pays de l’OCDE, alors qu’ils ont moins d’heures de cours (4 à 5 heures par jour) entre l’âge de 7 ans (début de l’école obligatoire) et 14 ans, c’est parce que les élèves ont de meilleurs enseignants et que les enfants en difficulté disposent d’une aide personnalisée.

Les élèves d’aujourd’hui ne sont ni moins ni plus intelligents que ceux d’hier.

Mais il est vrai que l’on a considérablement diminué le temps scolaire, en nombre de jours de classe d’abord et en heures hebdomadaires ensuite.

Il n’est certes pas question de revenir en arrière mais peut-être de distribuer le temps scolaire différemment.

 Propositions

Actuellement, l’enseignement est organisé en 2 cycles de 6 ans (primaire + secondaire).

Il gagnerait à l’être en 4 cycles de 3 ans.

Les 3 premiers cycles (9 ans) constitueraient la formation commune obligatoire (6 + 9 = 15).

Cela permettrait de reporter de 2 ans le choix d’une filière / d’option, à un âge où l’élève, âgé de 15 ans, pourra opérer un choix personnel avec plus de maturité.

Le 4ème cycle serait consacré à une formation plus spécifique basée sur les possibilités de chacun, ses choix personnels et sur l’offre des établissements.

Associée aux résultats au CEB – qui serait passé à l’issue du tronc commun -, la dimension polytechnique (sensibilisation aux métiers) abordée aux 2ème et 3ème cycles permettrait une orientation plus positive des élèves.

Une tête bien faite…

Il est navrant de constater qu’à l’issue de l’enseignement obligatoire, nombreux sont les adultes incapables d’écrire sans faute ou de prendre le 20 ème de 100. (Les jeux sur la télévision en sont révélateurs).

A côté des compétences fondamentales (langue maternelle, calcul, sciences, résolution de problèmes), l’élève devrait pouvoir développer ses capacités en musique et en arts, en fonction de ses motivations et intérêts et pratiquer un sport à l’école à l’heure où les statistiques démontrent un recul important de la condition physique et un développement inquiétant de l’obésité.  Il devrait également être éduqué à la sécurité routière, aux premiers soins, à la citoyenneté, au bricolage, à l’entretien d’une bicyclette/motocyclette/auto, au jardinage, ….

Afin de redonner du temps à l’enseignement et permettre un apprentissage individualisé, il faudrait prendre en compte les rythmes scolaires en reconsidérant le découpage de l’année scolaire et l’horaire hebdomadaire.
(En outre, ne serait-il pas souhaitable de démarrer la scolarité obligatoire dès 5 ans car les enfants issus d’un milieu socio-économique faible en tireraient beaucoup d’avantages).

Redécoupage de l’année scolaire
Alterner des périodes de cours de 7 à 8 semaines avec des périodes de congé de détente de 2 semaines.

A titre d’exemple: année scolaire 2015-2016

Reprise des cours: le 1/9/2015
1ère période: du 1/9/ au 16/10 soit 7 semaines
Congé de détente: du 19/10 au 3/11 soit 2 semaines
2ème période: du 3/11 au 18/12 soit 7 semaines
Congé de détente: du 21/12 au 3/1/2016
3ème période: du 4/1 au 19/2/2016 soit 7 semaines
Congé de détente: du 22/2 au 6/3/2016 soit 2 semaines
4ème période: du 7/3 au 22/4/2016 soit 7 semaines
Congé de détente: du 25/4 au 8/5/2016 soit 2 semaines
5ème période: du 9/5 au 8/7/2016 soit 9 semaines (avec 1 semaine de détente à la Pentecôte) soit 8 semaines y compris la période des examens.

Grandes vacances: du 11/7/2016 au 31/8/2016

Il est courant d’entendre dire ‘qu’un tel est du matin et tel autre du soir’.
Cela est vrai également pour les élèves.
Les experts du sommeil estiment, en effet, que la mélanine, qui favorise le sommeil, agit biologiquement sur l’organisme des teenagers, qui trouvent difficilement le sommeil avant 23 heures.
Ces mêmes spécialistes sont unanimes pour déclarer que les teenagers ont besoin de 7 à 10 heures de sommeil (de 9 à 10 pour les enfants – de 7 à 8 pour les adolescents).
Plusieurs recherches en Europe et aux Etats-Unis ont mis en évidence le déficit chronique de sommeil chez la plupart des élèves et suggèrent de commencer l’école à 10 heures. Ils ont démontré que commencer l’école plus tard rend les élèves plus motivés, mieux concentrés et diminue l’absentéisme et les risques d’obésité et de dépression.
Si démarrer l’école à 10 heures poserait problème aux parents qui travaillent, un compromis possible serait 9 heures.

Horaire hebdomadaire : 36 heures dont 28 heures de cours et 8 heures d’activités (sportives/culturelles/ autres) avec des heures de 45 minutes.

Horaire journalier
La journée devrait alterner, avec harmonie et bon sens, l’acquisition des compétences et savoirs fondamentaux et les activités sportives, culturelles ou autres.

Lundi – Mardi – Jeudi – Vendredi: de 9h00 à 17h15

Matin : 9h00 à 12h30 (= 4 périodes de 45 minutes + 15 minutes de récréation)

Temps de midi : 12h30 à 13h25 (repas)

Après-midi : 13h30 à 17h15: (= 5 périodes de 45 minutes)

Mercredi:

Matin: de 9h00 à 12h30

L’après-midi restant libre pour des activités extra-scolaires (académies de musique, cercles sportifs, visites de musées, …)

Il n’y aurait plus de travail à domicile sauf un travail de recherche pour ceux et celles qui le souhaitent.

Cet horaire arrangerait certainement les parents actifs et la soirée serait plus détendue et pourrait être consacrée à des activités familiales.
(En outre, comme le proposent déjà certaines écoles, il serait souhaitable de prévoir un petit déjeuner à l’école notamment pour les nombreux élèves qui y viennent le ventre creux.

Groupe d’âges

La notion traditionnelle de ‘classe’, serait remplacée par la notion de ‘groupe d’âges’ ce qui aurait pour avantage de :

  • supprimer les redoublements coûteux et souvent inefficaces
  • assurer un apprentissage individualisé
  • assurer un passage harmonieux de l’enseignement fondamental vers l’enseignement secondaire en formant tous les enseignants, sans supprimer pour autant les 4 filières de formation, aptes à enseigner dans tout le tronc commun (6-15)grâce à une formation polyvalente au début de la formation initiale qui porterait sur la maîtrise des matières enseignées dans le tronc commun (à l’exception des cours de langues étrangères et de l’éducation physique), ce qui les habiliterait à enseigner dans le tronc commun, favoriserait le dépassement du principe ‘d’étanchéité’ et permettrait de résoudre en partie la pénurie d’enseignants.
  • pratiquer plus aisément une pédagogie différenciée car les activités, basées sur la résolution de situations-problèmes, seraient réalisées sous la responsabilité d’une équipe composée d’enseignants, d’aides et de personnel externe (contractuels : issus des milieux sportifs, culturels, de la santé, …) ce qui offrirait d’autres avantages à savoir :
    • plus de ‘classe’ sans professeur grâce à un encadrement pluridisciplinaire

Chaque groupe d’âges devrait réaliser, sur l’année scolaire, un nombre de projets ou résoudre un nombre de situations-problèmes et le nombre serait déterminé par l’importance de la tâche et le nombre d’élèves participants.

Des passerelles devraient être disponibles pour permettre de rencontrer les capacités et les aspirations des élèves, avec l’avis des équipes d’encadrement.

Voici à titre d’exemple une organisation des 3 premiers cycles. Les heures proposées se répartissent sur la semaine.

Cycle 1

Langue maternelle : 10h

Calcul : 10h

Activités d’éveil: 3 x 2h (sciences (santé, premiers soins), géographie (environnement), histoire (patrimoine)

Cours philosophiques : 2h: 1h religion/morale + 1h d’éveil à la citoyenneté

Activités sportives : 4 h comprenant l’éducation physique et la pratique d’un sport

Autres activités : 4h: musique (instrument), dessin, visites culturelles

Cycle 2

Langue maternelle : 8h

Calcul : 8h

Langue étrangère: 4h

Activités d’éveil: 3 x 2h (sciences– géographie – histoire)

Cours philosophiques : 2h: 1h religion/morale + 1h citoyenneté

Activités sportives : 4h comprenant l’éducation physique et la pratique d’un sport

Autres activités : 4h: – activités culturelles: 3h/semaine : musique (instrument), dessin, visites
culturelles
– dimension polytechnique: 1h/semaine (sensibilisation aux métiers)

Cycle 3

Langue maternelle : 5 h

Mathématique : 5h

Langue étrangère : 4h

Sciences : biologie, physique, géographie : 3 x 2h

Histoire : 2h

Cours philosophiques : 2h/semaine: 1h religion/morale + 1h citoyenneté

Activités sportives : 4h comprenant l’éducation physique et la pratique d’un sport

Autres activités : 4 h semaine : latin (2h) / sciences économiques et sociales (2h)
Activités culturelles: 2h/semaine musique (1h) / arts (1h)
Dimension polytechnique (sensibilisation aux métiers + visites d’usines):2 h/semaine

E. BUDGET

Dans le cadre de son autonomie, chaque école devrait pouvoir gérer son  budget . Il est aberrant en effet qu’actuellement coexistent plusieurs manières de gérer une école, suivant le réseau auquel elle appartient. Certains chefs d’écoles peuvent en effet engager leur  personnel mais doivent introduire une demande auprès de l’autorité de tutelle pour acheter ‘une boîte de craie’ ; d’autres ont plus de libertés concernant l’achat de matériel mais ne peuvent engager leur personnel, ce manque de décentralisation conduisant inévitablement à une lourdeur administrative ; d’autres encore ont d’autres libertés.

Un budget de fonctionnement devrait être établi en fonction du nombre d’élèves qui fréquentent l’établissement et entièrement géré par le chef d’établissement.

E. DIRECTION DE L’ECOLE

Afin de permettre à la direction de l’école d’assurer sa mission pédagogique, chaque chef d’établissement devrait pouvoir compter sur la collaboration d’un directeur administratif, placé sous sa responsabilité, qui prendrait en charge les aspects matériels de la gestion de l’établissement.

(Voir ‘Chef d’établissement’ page 57)

F. EVALUATION

L’évaluation sera essentiellement formative et continue si l’on veut évaluer les acquis individuels d’une éducation/formation basée sur les compétences.

Tout système d’évaluation externe est en contradiction avec une éducation/formation basée sur les compétences individuelles.

Si l’institution éprouve le besoin de consigner les résultats acquis par l’élève, elle devrait le faire par le biais d’un livret individuel de compétences, qui, à l’instar du portfolio européen des langues, reprendrait, pour chaque discipline, les compétences acquises par l’élève à des moments déterminés de sa scolarité (à 12 ans / à 15 ans) et à l’issue de celle-ci.

Cette évaluation porterait sur les compétences clés acquises à l’issue de l’enseignement  primaire (12 ans), à l’issue de la formation commune (15 ans) et à l’issue de l’enseignement secondaire.

Elle se subdiviserait en 3 axes :

  1. les connaissances
  2. les aptitudes
  3. les attitudes

Elle pourrait également être faite sous la forme d’une modularisation.

(Voir également: ANNEXE: Evaluation)